Historiques
Tout commence en 1975. Les bouchers de Sélestat, déjà accompagnés de l'infatigable Robert Durry, qui travaille à la régie municipale, cherchent un moyen de créer de l'animation et surtout de vendre leurs saucisses de carnaval, les Narreklepfer. Solution de facilité, mais toujours payante, ils se déguisent en filles, avec des collants rouge vif, des perruques de couleur, une minijupe à carreaux et un maquillage outrancier. Les Machores sont nés. Ce nom n'est pas une déformation dialectale de « majorette » mais le nom donné au chef d'atelier des bouchers. Les bottes blanches, qu'ils n'ont jamais quittées, sont là pour rappeler cette origine. Dès le début, le succès est au rendez-vous. « Je me souviens de la tête du maire Kubler, quand il m'a vu comme ça », se souvient Robert Durry, actuel président. Après un temps d'arrêt, bien compréhensible, le maire l'avait félicité d'avoir organisé tout ça en faveur de l'animation de la ville. Très vite, les bouchers passent la main aux jeunes Machores. Dans les années 70, le défilé se déroule seulement le Mardi gras. Ce n'est qu'en 1990 que le défilé est repoussé au premier dimanche après Mardi gras, attirant ainsi une grande foule familiale. Longtemps, les Machores ont paradé avec un bâton de conscrit. « On l'a utilisé pendant une dizaine d'années, et puis un jour, je l'ai lancé dans la Liepvrette pendant un défilé. Ma femme l'a récupéré, et depuis il est accroché au mur à la maison, mais il ne sort plus!» Heureusement, en effet, que les femmes sont là, parmi ces hommes délurés. « Liliane s'occupe des habits, les lave et les raccommode -hier, un chien m'a encore déchiré mon bas résille. Agathe et Laurence nous maquillent, et les épouses des autres Machores,nous accompagnent ». L'une d'elles est même une ancienne dauphine de Sélestat, qui a fait de l'un des Machores l'homme de sa vie. Quelques perruques et habits à paillettes plus tard, les Machores bénéficient d'une certaine réputation et ne manquent aucune grande manifestation. « On va à Riegel, à Morvillars, Mulhouse. En Allemagne, on a toujours du succès, car on est moins stricts que les autres groupes, on fait les fous, on soulève nos jupes, et ça fait beaucoup rire les gens ». Robert Durry, soudain sérieux, précise : « Les gens nous aiment bien parce que nous ne sommes jamais vulgaires ». On appréciera... Entre Mayence, Düsseldorf et les cavalcades d'Alsace, Robert Durry garde en mémoire le carnaval de Dunkerque : « Inoubliable. Il y avait là-bas une superbe ambiance, avec toutes les chansons de marins qu'on entendait un peu partout ». Robert Durry est le plus ancien du groupe. Les autres ont peu à peu raccroché leur perruque, laissant la place à des plus jeunes. « Je dirais que j'ai vu une centaine de jeunes qui ont été Machores. Même mon fils Christophe s'y est mis ». Quant à lui, à 57 ans, « pas question d'arrêter. Tant que j'ai la condition, je continue ». La chanson « Allez Machores » n'a donc pas fini de résonner dans les têtes et les rues sélestadiennes.
Le groupe des Machores a été créé en 1975. Le costume a changé, mais la formule reste identique. Les hommes déguisés en femme, ça fait toujours rire.
